Contexte du projet JE SUIS ENGAGE(E)
La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR)
La CVR a vu le jour avec le règlement relatif aux pensionnats indiens. Elle a un mandat de cinq ans pour documenter les expériences des survivants des pensionnats et de leurs familles, ce que le président de la commission, Juge Murray Sinclair décrit comme “l’un des plus sombres et troublants chapitres de notre histoire collective”.
En décembre 2015, la CVR a rendu son rapport final, il s’agit d’un document en six volumes qui explique le génocide subi par les peuples autochtones au Canada depuis que les premiers européens sont arrivés sur l’Ile de la Tortue (Amérique du Nord). Ce rapport contient 94 appels à l’action et recommandations pour guider les efforts vers la réconciliation à travers le Canada.
Les pensionnats indiens
Les pensionnats indiens pour autochtones au Canada ont été créés en 1867. Plus de 130 pensionnats indiens ont été implantés à travers le pays, et la dernière école a fermé en 1996. Ces écoles, gérées par l’Église et financées par le Gouvernement, ont été mises en place pour éliminer l’implication des parents dans le développement intellectuel, culturel et spirituel des enfants autochtones.
Durant cette période, plus de 150 000 enfants des Premières Nations, Métis, et Inuit ont été placés dans ces écoles, la plupart du temps contre la volonté de leurs parents. Beaucoup se sont vus interdire de parler leurs langues et de pratiquer leurs coutumes. Alors qu’il y a environ 80,000 anciens élèves vivants aujourd’hui, l’impact des pensionnats indiens s’est fait sentir à travers les générations et a contribué aux problèmes sociaux qui continuent d’exister. (La Commission de vérité et de réconciliation: www.trc.ca)
La fermeture des pensionnats indiens n’a pas clos ce chapitre pour les survivants. L’héritage de ces écoles a toujours un impact aujourd’hui. Cela se voit dans les disparités importantes en matière de santé et de revenus entre les personnes autochtones et les autres Canadiens. Ces disparités condamnent les personnes autochtones à une vie plus courte, plus pauvre et plus tourmentée. Cet héritage se reflète également dans le racisme intense que certaines personnes ont à l’égard des personnes autochtones et la discrimination systémique vécue régulièrement par ces dernières au Canada. Plus d’un siècle de génocide culturel a placé la plupart des langues autochtones au bord de l’extinction. Le placement disproportionné des enfants autochtones par la protection de l’enfance, l’emprisonnement démesuré ainsi que la victimisation des personnes autochtones sont des parties intégrantes de l’héritage du traitement des autochtones dans ces pensionnats indiens.
Beaucoup d’élèves ont été traumatisés à vie par ces écoles. Ils ont été séparés de leurs parents, ont grandi sans respect ni affection avec un système scolaire qui s’est moqué des cultures et traditions de leurs familles, les a supprimées et a détruit leurs valeurs personnelles. Les professeurs n’étaient que très peu formés ou avaient un curriculum sans rapport amenant l’échec scolaire des élèves. Les enfants qui ont été intimidés et/ou abusés portent un fardeau de honte et de colère pour le restant de leur vie. Bouleversés par cet héritage, beaucoup ont succombé au désespoir et à la dépression. Un nombre incalculable de vies ont été perdues à cause de l’alcool et des drogues. Des familles ont été détruites et des enfants ont été placés par la protection de l’enfance.
Les survivants ne sont pas les seules vies qui ont été perturbées et meurtries par les pensionnats indiens. Cet héritage a également profondément affecté leurs conjoint.e.s, leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs communautés. Les enfants qui ont été abusés dans ces écoles finissent parfois par abuser les autres, certains élèves développent un problème de dépendance comme moyen de gérer la douleur. Les élèves qui ont été traités et punis comme des prisonniers dans ces écoles finissent par obtenir un diplôme mais dans de vraies prisons. Tous ces impacts ne peuvent pas être attribués uniquement au système des pensionnats indiens mais ils sont clairement rattachés aux politiques du gouvernement fédéral sur les autochtones depuis plus de 150 ans. Les pensionnats indiens, qui avaient pour but de créer une nouvelle génération d’enfants autochtones, ont été à la fois un élément central et un élément emblématique de ces politiques. (Canada’s Residential Schools: The Legacy, The Final Report of the Truth and Reconciliation Commission of Canada: Volume 5)
La campagne d’affiches JE SUIS AFFECTE(E)
Cette campagne est sortie le 1er juin 2016, le premier jour du mois de sensibilisation autochtone. Cette campagne d’affiches a été créée comme un outil éducationnel afin de sensibiliser au système des pensionnats indiens mais aussi, sur le traumatisme intergénérationnel causé par ces écoles. Chaque affiche montre la photo d’une personne autochtone, identifie sa Nation et si cette dernière est une survivante des pensionnats indiens. Ces affiches ont pour but d’initier et de poursuivre des conversations sur les pensionnats et sur l’héritage de ce traumatisme.
La campagne d’affiches Je Suis Affecté(e) permet aux personnes autochtones d’avoir un espace sécurisé pour parler de leurs vérités, partager leurs histoires et briser le silence sur ce traumatisme causé par les pensionnats indiens canadien. Pendant des centaines d’années, la voix des peuples autochtones canadiens a été mise sous silence.
Le but de cette campagne est de donner aux personnes autochtones l’occasion de regarder sérieusement comment les traumatismes historiques et intergénérationnels affectent les membres de leurs communautés. Il y a un réel besoin de comprendre comment ce traumatisme se manifeste quotidiennement pour que les individus puissent guérir et passer à autre chose.
La campagne d’affiches JE SUIS ENGAGE(E)
‘La Réconciliation n’est pas un problème autochtone, c’est un problème canadien. Il ne concerne tous.’ – L’honorable Murray Sinclair.
La réconciliation au sens large parle des relations entre les peuples autochtones et le Canada, mais chacun d’entre nous devrait savoir ce que cela signifie d’un point de vue personnel et réfléchir à comment travailler ensemble pour parler de la vérité et forger une relation respectueuse. Ceux affectés par le traumatisme intergénérationnel doivent comprendre comment ils ont été touchés par le système des pensionnats indiens et ce, pour commencer leur processus de guérison.
Les personnes non-autochtones doivent individuellement réfléchir à ce que la réconciliation signifie pour eux et comment peuvent-elles aider au processus de guérison. Le processus de décolonisation est laborieux et nécessite une profonde réflexion pour inverser une façon de penser bien implantée dans les esprits.
Les affiches JE SUIS ENGAGE(E) reconnaissent que la réconciliation est un voyage collaboratif entre personnes autochtones et personnes non-autochtones dans ce pays. Tel qu’expliqué par les commissaires dans le rapport de la CVR, nous devons travailler ensemble et dire la vérité parce que la réconciliation est, par nature, une forme de respect pour l’autre. Nous devons changer notre manière de penser et de parler à propos des autres.
Les 94 Appels à l’action donnent une opportunité de saisir une seconde chance pour établir une relation d’égal à égal. “Le peuple canadien doit parler d’une voix forte, claire et unie en exprimant leurs sincères espoirs que cette réconciliation DOIT avoir lieu.”
Le peuple autochtone du Canada a beaucoup de sincères et véritables amis et alliés. Nous devons marcher côte à côte avec l’esprit ouvert, le cœur bon et l’esprit humble, nous devons aller de l’avant ensemble avec de bonnes intentions et marcher ensemble pour un avenir meilleur.
Ces affiches procurent aux personnes non-autochtones amis et alliés des peuples autochtones canadiens de s’engager publiquement dans ce voyage vers la réconciliation collective. Elles permettent de partager un moyen d’action dans l’espoir qu’une réconciliation véritable et honnête soit possible si nous travaillons ensemble. Elles sont un mécanisme d’apprentissage, d’engagement, de guérison et de motivation pour contribuer à une société plus inclusive. Elles servent, enfin, de moyen aux personnes autochtones pour s’engager à travailler envers une vraie et honnête réconciliation au Canada.